dessins, peintures, photos, installations
Catherine Meurisse , Günther Uecker, Flore, Prune Nourry, Antoine d’Agata
1 – Catherine Meurisse , à la BPI, vraiment ? On peut y accéder ? Ce n’est pas considéré comme un musée ? Je me le fais confirmer par un mail . Il suffit de réserver son horaire en ligne, pour la bibliothèque , jusqu’au 25 janvier !

Si elle était exposée à la galerie d’art graphique , pas plus grande que les salles d’expo de la BPI, on n’aurait pas le droit d’aller la voir . Bon , découvrons des dessins et des photos dans le réseau des bibliothèques ! Là où on ne peut pas emprunter, comme à la BPI, on peut manipuler tous les bouquins et les revues, dont ceux de cette dessinatrice . J’ai failli le faire, mais de me dire que tous les visiteurs avant moi les avaient feuilletés , pas forcément après s’être enduits de gel , eu égard aux gestes barrières , cela a stoppé net mon élan.
Je suppose que tout le monde connaît la première dessinatrice à avoir intégré Charlie Hebdo, en 2005 et a au moins lu la légèreté, publié après les attentats, pour essayer de se reconstruire . C’est elle qui est au cœur du récit .Et c’est l’Art qui l’accompagne .Selon ses livres, les voies qu’elle découvre , elle change de technique, et pour les grands espaces,elle dessine au crayon et confie à la coloriste Isabelle Merlet ,le choix des couleurs .










A l’opposé dans Delacroix , elle ose la gouache , les encres, les couleurs denses, l’abstraction .



On la suit à la villa Médicis, puis à une résidence à la Villa Kujoyama en 2018.

2

A la galerie Levy Gorvy, 4 passage Sainte Avoye , 75003
jusqu’au 23 janvier .
Cette grande figure de l’Allemagne de l’après – guerre , appartenant au groupe Zero, expose en solo à Paris pour la première fois depuis 1968. Il souhaite « rendre le spirituel visible à travers la peinture ». Méditation,introspection, fluidité et lumière semblent caractériser cette série .

Pour cette œuvre , il s’est inspiré du désert , des rivières et de la mer du Golfe Persique .

C’est également l’eau qui l’a porté à la création de ces œuvres proches de l’abstraction, claires et joyeuses.


3– encore une très belle exposition d’une artiste femme, celle de la photographe Flore
L’odeur de la nuit était celle du jasmin .
Cette exposition est présentée jusqu’au 31 janvier, du mardi au dimanche, de 11 h à 17 h 45, au pavillon de l’institut de France, 27 quai Conti ,car Flore a été la lauréate en 2018, du prix , biennal, de photographie Marc Ladreit de Lacharrière, ce qui lui a permis , pendant deux ans , de voyager en ex Indochine française , dans des lieux où vécut Marguerite Duras, et où ses grands – parents ont certainement vécu à la même époque pour retrouver paysages, et maisons et les recréer dans ses photographies en accord avec le mythe qu’elle s’en est forgé . Vous l’avez compris , il ne s’agit surtout pas de reportage photographique ,mais d’un imaginaire à la recherche de ( faux ) souvenirs, et de traces tangibles des phrases écrites par Marguerite Duras . Tout n’est que transposition, confrontation au temps , et aux concepts realite- vérité – fantasmes .
Son livre lointains souvenirs avait initié cette démarche , et les photos faites l’avaient été uniquement en fonction du livre .
Ici c’est différent, elles ont été prises en fonction du lieu , du pavillon Comtesse, et en sachant que l’expo serait accompagnée d’un livre, en rien un catalogue, mais un objet précieux , rêvé et crée en collaboration avec la galeriste- éditrice Clémentine de la Ferronier qui a créé sa maison d’édition raffinée il y a deux ans Maison CF .
Les photos sont étranges , non dans leurs sujets , mais dans la texture, la technique , difficile à deviner , le grain du papier,un léger flou, la luminosité, la mélancolie, le pictorialisme, ceci étant dû à un tirage argentique dense, à l’usage raffiné du thé et de la cire. Un univers inconnu se présente à nos yeux , attirant et mystérieux, poétique .




L’expo est rythmée par quelques photos en couleurs , par la variété des cadres noirs, non identiques, par les formats variés , par quelques passe- partout qui donnent de la lumière à de petits formats .
Qu’y voit – on , me demandez- vous avec impatience, la forme , oui bien sûr , mais le contenu ?
Des buffles, de l’architecture coloniale , des collines, de l’eau ,des branches, des détails, quelques personnes, la femme aux yeux fermés, et de dos la jeune fille sur la balançoire, des enfants, un berger.
Une soixantaine de tirages argentiques réalisés en chambre noire , et oui je reviens aux techniques ! Teintes au thé ou cires, des héliogravures, et des pièces uniques marouflées sur feuille d’or .
ce très beau travail vient de remporter le prix Nadar 2020.

Le livre, correspond en tous points aux désirs de Flore : son format de31 x 17 x 2,5 , sa reliure à la japonaise, son papier, sa typographie , sa mise en page , en ne mélangeant pas les textes de Marguerite Duras et les photos de Flore .
Elle a coupé des images, mis des petits formats ou bien de rares fois une photo occupé deux pages, le beige, l’or et le doré sont les couleurs des feuillets .
Ce livre précieux et raffiné est un écrin pour les mots de Marguerite Duras et les photos de Fore ,
l’impression est en bichromie et quadrichromie .


Clémentine de la Ferronnière a accompagné tout ce processus de recherches , de façon efficace , respectueuse et complice .
(Elle a aussi publié le scénario de La Haine, Et les early works de Matin Parr . )
Toutes deux ambitionnent de continuer cette belle collaboration .
Vous pouvez écouter l’émission de France Culture et regarder sur leur site la longue vidéo d’entretiens avec ces deux personnalités .


Nous quittons à regret cette parenthèse de beauté, de nostalgie et de souvenirs, ceux de Marguerite Duras, de Flore et les nôtres .
hop , un bus , le 86 et en route pour le bon marché
ah Madamepoussonslesportes , le confinement ne vous réussit pas, vous confondez grand magasins et galeries !!!!
on glousse, on glousse ! Vous ne connaissez pas la merveilleuse collection d’art contemporain du Bon Marché , exposée de façon permanente et dispersée aux étages, en surplomb ? Pas vu Adami, Marc Grandeschamps, Alberola etc ?
on pouffe, on pouffe ! Ah ! Je vois votre sourire , ah ça y est ,ouf, la carte blanche , accordée à un artiste qui investit vitrines , escalators d Andrée Putman, et rez de chaussée , avec pour contrainte d’utiliser la couleur blanche ! Le sourire s’élargit , oui , bien sûr , Ai Weiwei, Leandro Erlich, Joanna Vasconcelos, Chiharu Shiota, Oki Sato !
On trépigne d’impatience , ah Madamelesgaleries c’est qui cette fois ?
Et bien je suis très émue , je connais cette artiste depuis longtemps et c’est elle qui est à l’origine de mon blog, pour sa carte blanche au musée Guimet intitulée Holy en 2017 . Moment d’émotion et du coup de grande solitude, non non, je ne vais pas raconter ma vie .
4– Il s’agit encore d’une femme , la troisième de notre parcours :
Prune Nourry , qui présente l’amazone érogène , jusqu’au 21 février .
Le thème des flèches exposées de façon géométrique dans les vitrines , rue de Sèvres, nous accueille .

L’amazone de la mythologie qui se fait couper le sein pour mieux tirer avec son arc sera représentée ici très simplement par 3 éléments , seins, arcs, flèches . Cela vous rappelle la magnifique exposition chez Templon catharsis en automne 2019 , oui bien sûr vous avez lu ce que j’en disais sur mon blog , et vous vous y étiez précipité ! Son cancer du sein, et les mille façons de le sublimer . Son film Serenpidity dans la foulée .
Ici dans ses interviews elle élargit le propos et dit que ces flèches décochées vers la même cible évoquent aussi la procréation , les spermatozoïdes en route pour être les plus rapides . Elles évoquent aussi la radiothérapie .


L’Amazone érogène apparaissait dans la dernière séquence du film sous forme de sculpture monumentale. L’œuvre , selon la tradition des mizuko kuyo était recouverte de milliers de bâtons d’encens , et à Manhattan , au cours d’une performance publique , l’encens a été allumé et est ainsi parti en fumée comme symbole de guérison .
Ici 888 flèches en bois blanc et plumes se dirigent vers un sein large de 4 mètres. De l’autre côté de la Escalator un arc bandé vise une deuxième cible .

Ce matin, je vois ceci sur l’Instagram de Mathieu Chedid, toujours prêt pour soutenir des causes justes , ici la lutte contre le cancer du sein, le courage des femmes et l’art contemporain



N’est -ce pas merveilleux cette collaboration d’une plasticienne, d’un auteur et d’un compositeur et chanteur ?
5 – et voici notre dernière étape , à la fondation Brownstone , 26 rue Saint Gilles et qui a présenté jusqu’à hier virus , d’un artiste qui m’est très cher, au même titre que Catherine Meurisse , Flore et Prune Nourry :
Antoine d’Agata .
On ne voit ici qu’un millier de photos sur les 13000 prises en 2020 à partir du premier confinement . Il s’agit d’un mur de photos, petites et encadrées , disposées selon le rythme et la géométrie voulues par l’artiste , quelques photos grand format sont montrées dans une pièce adjacente , ainsi que l’épais livre du confinement .
Je vous que vous pensez à son expo au Bal , mais ici , voyez, c’est bien différent .

Antoine d’Agata a voulu sortir, voir ceux qui étaient là , dans les rues vides , des sans abris, des migrants, des gens pressés . Il voulait les voir au plus près , de l’intérieur, c’est pourquoi il a utilisé sa caméra thermique , qui montre les corps selon la chaleur qu’ils recèlent .
Il a ainsi saisi ce Sdf qu’il surnomme « le gisant »

et plein de petites scènes


puis il a voulu voir la réalité du virus, dans les hôpitaux , être comme à son habitude à l’intérieur d’une situation en marge .Il a ainsi été dans 9 hôpitaux où il a vécu nuit et jour , accepté , dans des Ephad , en décidant de ne pas se laisser absorber par le seul aspect médical mais plutôt par l’énergie et l’empathie dans les rapports soignants – soignés.


De cette expérience est né un court métrage la vie nue ainsi qu’une vidéo en ligne sur le site de l’opéra de Paris .
les couleurs sont le rouge, l’ocre et le bleu foncé transformé en noir .
