Fondation Custodia 121 rue de Lille 75007
12 h – 18 h sauf le lundi. Jusqu’au 6 janvier 2019.
J’utilise le fascicule distribué par la Fondation qui commente chacune des 218 œuvres exposées ( gravures sur bois ) en synthétisant les textes et en les classant par thématiques, juste pour faciliter la visite, tout en laissant de côté les estampes du sous -sol, très occidentalisées.Elles proviennent toutes de la collection Elise Wessels.
Historique : L’ouverture en 1853 du Japon au monde occidental, puis le changements de mœurs et de siècle vont modifier les sujets traditionnels de l’ukiyo- e : samouraïs,acteurs, théâtres, quartiers de plaisirs.L’exportation vers la clientèle américaine qui veut aussi satisfaire sa demande de modernité ,le nouveau procédé de la lithographie ( tirages importants, courts délais ) les voyages d’études à l’étranger de la part des artistes japonais ( Europe, états – Unis ) , la fuite en grand nombre des estampes traditionnelles à l’etranger, tous ces éléments mènent à un renouveau de l’estampe japonaise.
– Le Shin Hanga « nouvelle estampe « conserve conserve les thématiques traditionnelles dans un style innovant ,elle représente des mogas , femmes modernes et conserve également la division traditionnelle du travail entre l’artiste ,le graveur ,l’imprimeur et l’éditeur.
-Le Sōsaku Hanga « estampe créative « , en rupture avec la tradition est vendue à un public japonais, l’artiste garde le contrôle de ses œuvres dans toutes les étapes de de leur réalisation .
Il existait des clubs de diffusion ( hanpukai ) qui collectaient des abonnements produisaient le nombre de tirages commandés et les envoyaient aux membres au fur et à mesure que le travail progressait . Tout le monde y trouvait son compte : les graveurs s’ assuraient un revenu sûr et les collectionneurs se procuraient des œuvres contemporaines auprès des artistes à prix raisonnable .
C’est ainsi que Yamamoto Kanae put partir en 1912 pour Paris en y emportant le matériel d’impression pour produire des estampes déjà payées .Mais il eut quelques difficultés, manquant du matériel nécessaire au calibrage du papier et au mélange de pigments. En deux ans à Paris il ne produisit que 15 estampes , dont il détruisit la moitié , en fait il vivait au milieu de ses collègues japonais , sans parler français et sans apprécier l’art de cette époque. À plusieurs, ces japonais passèrent sept semaines en Bretagne ( d’où la gravure de 1913 bretonnes se baignant ).
Les techniques sont très particulières
n 9 la mer de Bōshū, Kanae a combiné la lithographie sur plaque de zinc pour les lignes, et,à gravure sur bois pour les couleurs.
On peut remarquer l’usage du mica dans les fonds pour les texturer , les gaufrages partiels pour mettre en valeur les lignes du corps ou des parties de vêtements , et le baren , ( tampon qui remplace la presse ) produit des motifs circulaires sur un kimono, ou des lignes de pluie, ou de la vapeur suggérée. Incroyable est le décalage des ligne du corps par une deuxième impression, qui produit comme une vibration.On a le droit d’adorer les flocons de neige à base de coquilles d’huitres réduites en poudre !
Les sujets
Des lieux traditionnels sont encore représentés mais dans un environnement contemporain : fils électriques, poteaux télégraphiques, cigarettes, coiffures à la garçonne.On voit un pousse- pousse , Vallotton inspire des nus féminins.On contemple le tramway fleuri en commémoration des2600 ans de la fondation de l’empire japonais. On frôle l’abstraction dans certains paysages ( 137 à 139 ).
Les formats peuvent être plus longs, voire à l’horizontal.
La grande nouveauté c’est un métissage Japon – occident , n’est – ce pas? comme on l’observe dans le sceau de Fritz Capelari, avec la date inscrite verticalement,et sa typo genre jugendstil viennois , ou bien la série des 4 saisons où chaque nom de saison est écrit en français, ainsi que le porte- folio de la série après le bain ,accompagné d’un dépliant en japonais et en anglais à l’usage des militaires américains en poste au Japon.
Les femmes sont vêtues à l’occidentale au café , au bal, rafraîchies par un ventilateur , se mettent du rouge à lèvres, sortent seules le soir dans la rue.Elles vont aux bains de mer, et apparaissent en maillots de bain.Les actrices de Kabuki se noircissent les sourcils, puisque les rôles de femmes ne sont plus interprétés par des hommes.Et allez allez on joue même au billard !
Le cadrage : voir le cadrage du Plongeon, très audacieux, ou le jeu de cache-cache ( porte, bras ) du miroir de Onchi Kōshirō où le sujet est en partie doublement caché.
L’actualité : le grand tremblement de terre du 1 septembre 1923 est évoqué i directement par la destruction de la grande maison d’edition de Watanabe et de son stock de planches.Une estampe dépeint l’hôpital Saint Luc à Tokyo, entièrement détruit.Une telle catastrophe explique la frénésie de la reconstruction qui se fait dans le style occidental et la fierté de cette réussite que traduisent les « cent vues du nouveau Tokyo « série à laquelle huit artistes ont participé. Elle fut distribuée par son éditeur à partir de 1929, et achevée seulement en1932, elle comporte 4 ensembles de 25 estampes chacun.En relation avec les cent vues célèbres d’Edo de Hiroshige, elles montrent avec soin l’interieur d’un cinéma, un quartier de nuit, une rue bordée de cafés à Shinjuku, et la nouvelle gare de Tokyo.
Mentionnons également les 14 etapes d’impression Du Mont Fuji, à l’aube de 1936.
Et bien sûr réjouissons – nous de l’accession en 1952 au statut de bien culturel immatériel de la technique traditionnelle de la gravure sur bois.